Le 6 juillet dernier, un nouveau gouvernement a été nommé suite à la démission du gouvernement d’Édouard Philippe. Ce gouvernement aura notamment la lourde tâche d’éviter une reprise épidémique tout en relançant l’économie française. Un exercice d’équilibre délicat dans un contexte aux multiples incertitudes. Mais quoi qu’il en soit la relance ne pourra se faire qu’en misant sur des leviers importants comme l’immobilier. Le BTP représente notamment 1,5 million d’emplois non délocalisables.
On vous donne donc aujourd’hui les clés pour mieux comprendre les défis auxquels va devoir faire face le gouvernement et plus particulièrement Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement.
Lutte contre les passoires thermiques
Le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie en France (46% de la consommation). A titre de comparaison, le transport et l'industrie représentent respectivement 27% et 24% de la consommation. Le secteur du bâtiment contribue donc fortement aux émissions de gaz à effet de serre en France. Il représente aujourd’hui près de 25% des émissions françaises. Des mesures concrètes doivent donc être entreprises dans ce secteur. Emmanuelle Wargon a ainsi indiqué mi-juillet qu’entre 4 et 5 milliards d’euros seront consacrés aux bâtiments et à la rénovation thermique.
La rénovation des logements privés
Ces mesures concernent tour d’abord les passoires thermiques. La France compte en effet près de 7 millions de logements dits « passoires thermiques ». Les logements, étiquetés F ou G par le diagnostic de performance énergétique et particulièrement énergivores, sont donc la priorité du gouvernement.
Or l’horizon envisagé pour les rénovations est très long. Certains experts recommandent donc des rénovations globales plutôt que la méthode actuelle « pas à pas ». La Convention citoyenne pour le climat a par exemple recommandé d’imposer des travaux lors des changements de propriétaires.
Fin juillet, lors du Conseil de défense écologique, la ministre a annoncé que la notion de performance énergétique sera ajoutée à la notion de logement décent à compter du 1er janvier 2023. Ainsi les locataires de passoires thermiques, consommant plus de 500 kilowatts par mètre carré de chauffage par an, pourront exiger des travaux à leurs propriétaires. Ils pourront également « soumettre le dossier au juge qui pourra décider de geler le loyer ou d’interdire la location du logement ».
Par ailleurs, le nouveau gouvernement a annoncé à compter de l'an prochain un doublement de "MaPrimeRénov", la principale aide à la rénovation des logements. Tous les propriétaires pourront avoir accès à cette prime.
La rénovation des bâtiments publics
Lors de son interview du 14 juillet, Emmanuel Macron a précisé qu'un « grand programme de rénovation » concernerait les écoles et Ehpad. Au-delà de l’objectif écologique de ce plan, ces investissements permettront de soutenir l’économie française. En effet, le secteur du bâtiment représente 10% du produit intérieur brut. Un moyen donc de soutenir un secteur économique et « d’avancer vers une économie plus verte ».
Maîtriser la bétonisation des villes
Avec un objectif de réduction de l’artificialisation des sols, les constructions neuves seront étudiées avec encore plus d’attention. Cela va donc dans le sens des propositions de la Convention citoyenne pour le Climat. Une des propositions indiquent notamment que les critères d’examen des autorisations d’exploitation commerciale doivent être renforcés. Ainsi une première circulaire a été envoyée aux préfets fin juillet. Ceux-ci doivent veiller à lutter contre l’artificialisation des sols dans les dossiers de construction de nouvelles zones commerciales. En effet, Barbara Pompili, ministre de la Transition Ecologique, a rappelé qu' « un département de la taille de la Drôme disparaît sous le béton tous les dix ans ».
A cela s’ajoute les nombreuses municipalités vertes depuis les élections en juin dernier. De nombreuses maires écologiques sont à la tête de métropoles françaises et veilleront à limiter les gros projets immobiliers. Nul doute que la bétonisation des centres-villes ralentira dans les années à venir. La rénovation du bâti sera donc la priorité.
Réduire les expulsions
En raison du confinement, le gouvernement avait repoussé la trêve hivernale. Celle-ci a pris fin le 10 juillet dernier. Cependant, Emmanuelle Wargon a annoncé que dans cette situation économique délicate, aucune expulsion ne pouvait avoir lieu sans proposition d’hébergement. Les 20 000 places d’hébergements ouvertes pendant le confinement seront ainsi maintenues.
Quoi qu'il en soit, nombreux sont ceux qui attendent des actions de la part du gouvernement. Invité sur BFM Business, Henry-Buzy Cazaux, Président de l’Institut du management des services immobiliers (IMSI), a ainsi indiqué qu’il attendait « une politique extrêmement claire qui va reconnaître le poids de ce secteur non seulement dans la vie économique mais aussi dans la relance dont on a besoin ».