Dans l'esprit de tous, ménages précaires et HLM sont intimement liés. En effet, les HLM (Habitations à Loyer Modéré) ont pour objectif premier de bénéficier aux foyers ayant les plus petits revenus. Pourtant, dans les faits, il semblerait que cela ne soit plus tout à fait le cas aujourd'hui. En juin dernier, la Fondation Abbé Pierre alertait le grand public : "plus un demandeur HLM est pauvre, moins il a de chances d'obtenir un logement." Gros plan sur ce paradoxe alarmant.
L'accès au parc immobilier social est plus en plus complexe pour les foyers les plus pauvres
Le 11 juin 2020, six grandes associations pointent une réalité accablante. Dans un rapport qu'elles publient, on apprend que l'accès au logement social se complexifie de plus en plus. Mais le plus surprenant, c'est que plus on est pauvre, plus il est difficile d'obtenir un logement en HLM. Comment comprendre cette situation qui semble surréaliste?
D'après le document publié par les associations, un foyer où chacun gagner entre 342€ et 513€ a en moyenne 30% de chances en moins d'avoir accès à une HLM que ceux qui touchent plus de 1 000€ chacun. L'explication principale de ce phénomène réside dans le fait que la commission d'attribution vérifie la solvabilité du demandeur.
L'enjeu principal, c'est la capacité qu'a le demandeur d'assumer les charges liées à son loyer. Pourra-t-il s'en acquitter? C'est la question qui se pose au moment d'attribuer une HLM. Le problème? Le coût des logements sociaux ne cesse d'augmenter.
Ainsi, si la commission constate que les revenus du demandeur sont quasiment égaux au montant du loyer (autrement dit aussi bas), le dossier est très souvent rejeté. Cela étant, le parc social compte de plus en plus de locataires qui se situent en-dessous du seuil de pauvreté.
Ménages précaires et HLM : un sentiment d'exclusion qui s'explique
Les ménages les plus pauvres se heurtent à une multitude d'obstacles qui les freinent dans l'obtention de leur logement social. En effet, certains des demandeurs ont déjà été SDF. Pour beaucoup, leurs demandes de logement répétées sont restées sans réponse. Au RSA et déjà en grande difficulté financière au quotidien, ils perdent espoir. D'autant plus que constituer un dossier peut être une véritable épreuve.
Parfois, les attributions de HLM sont hasardeuses. Les délais de traitement des dossiers peuvent être très longs. De plus, les services sociaux peinent à trouver une solution de logement aux plus précaires car les logements sociaux viennent à manquer dans de nombreuses régions et villes françaises.
Souvent, les demandeurs de logement en très grande difficulté sont des familles monoparentales. Le parent isolé est gé la plupart du temps de 40 à 60 ans. Les demandeurs de logement n'ont pas tous droit au même traitement. Certaines professions, notamment les fonctionnaires, trouvent un logement plus facilement que d'autres. De plus, les foyers précaires sont victimes de préjugés : le voisinage voit souvent d'un mauvais œil leur emménagement.
Dans les zones dites "tendues" où la pression sur le parc immobilier est très forte du fait des prix élevés ou du nombre très réduit de logements disponibles, la situation est encore pire. En effet, faute de pouvoir se loger dans le parc privé, les foyers démunis trouvent des solutions de fortune. Il n'est pas rare qu'ils se retrouvent ainsi victimes du mal logement, dans des conditions insalubres ou dépendants de marchands de sommeil.
Quelles solutions envisager?
Les associations à l'origine de cette prise de conscience ont proposé 15 mesures classées en 3 catégories pour remédier au problème. Elles pensent notamment à une augmentation des APL, à la création d'un fonds régional de baisse de quittance HLM et à maîtriser le montant des charges.
Elles suggèrent également de loger des demandeurs dans des logements vacants, de faire appel au privé accessible et de mieux répartir les logements sociaux dans les grandes villes.
Enfin, elles appellent à reconsidérer le droit au logement. Les grandes associations veulent notamment informer les plus précaires sur leurs droits, renforcer leur accompagnement et accélérer le relogement des plus en difficulté. Elles veulent la création d'un indicateur annuel de progrès dans l'accès au logement des plus démunis.