Comme beaucoup d'autres secteurs, la construction redémarre alors que la crise sanitaire semble perdre de la vitesse. Pendant plusieurs semaines, les chantiers ont dû être laissés en plan. Beaucoup de projets ont donc pris du retard. Cependant, le secteur de la construction déploie d'importants moyens pour reprendre ses activités. Cela constitue un véritable défi, notamment pour garantir la sécurité et la santé des travailleurs du BTP. Liberkeys vous explique comment la construction parvient à redémarrer en s'adaptant au mieux à la situation.
Le secteur de la construction mis sous pression par l'Etat en pleine crise du Covid-19
Il y a quelques temps, nous vous parlions de cette ordonnance controversée du 25 mars 2020 qui imposait d'attendre un mois après la fin de l'état d'urgence afin de reprendre certaines activités en lien avec le secteur de l'immobilier. Rapidement retirée, cette ordonnance avait suscité la colère des professionnels du BTP. La crise du Covid-19, qui a déjà fortement fragilisé le secteur, allait avoir des conséquences encore plus graves avec cette décision gouvernementale.
Cependant, malgré cette marche arrière forcée de l'Etat, une nouvelle ordonnance a été prise le 13 mai dernier. Celle-ci provoque de nouveaux mécontentements. En effet, dans l'ordonnance en question, l'Etat envisageait une reprise complète de la construction malgré la prolongation de l'état d'urgence. De ce fait, l'Etat considérait dans ce texte que les délais de construction et d'études ne devaient pas être rallongés. Les professionnels du BTP, quant à eux, y voient une nouvelle menace et une incompréhension totale de la réalité de la situation dans leur secteur.
Effectivement, les conditions de travail dans la construction ne peuvent pas être les mêmes qu'auparavant. La production est beaucoup plus lente, et l'approvisionnement bien plus difficile. Les acteurs du BTP sont formels: les délais de livraison initiaux ne pourront pas être tenus. Selon eux, l'été qui arrive s'annonce hors normes pour leur activité. Les plannings s'allongeront donc nécessairement, d'autant plus qu'il faut prendre le temps d'appliquer les mesures sanitaires qui s'imposent sur les chantiers. Les fédérations redoutent que ces décisions prises de manière unilatérale de la part du gouvernement entraînent de fortes pénalités de retard. Cela pourraient alors avoir des répercussions catastrophiques sur les entreprises du BTP dès l'automne.
La construction redémarre doucement en raison du ralentissement de l'économie
Le 20 mai dernier, l'INSEE ainsi que la DARES (études statistiques du Ministère du Travail) ont publié un rapport relativement optimiste quant à la reprise des activités économiques. Dans cette étude, on peut lire que la proportion de salariés ayant dû cesser leur activité est passée de 19% à 12%. Elle considère que cette amélioration est "particulièrement nette" dans le BTP. En effet, en mars, 53% des travailleurs du btiment avaient dû cesser de travailler. Ils ne sont aujourd'hui plus que 16%.
Cependant, les réductions d'effectifs dans les entreprises sont indéniables. Elles ont augmenté par rapport au moins de mars 2020. Des licenciements, ruptures conventionnelles de contrat et des non-renouvellements de CDD ont eu lieu. De plus, le recours au chômage partiel a lui aussi grimpé dans les entreprises pour des raisons qui ont évolué. En effet, plus que la sécurité des travailleurs, la réduction des commandes et des projets à réaliser en était le motif principal en avril.
Malgré tout, la construction redémarre avec optimisme
Parmi les travailleurs du BTP, le ressenti est mitigé quant à la situation actuelle du secteur. Plus de la moitié d'entre eux considèrent que leur activité a diminué d'au moins 50% par rapport à la normale. Ils sont également inquiets du manque de matériel et de matériaux. Il est donc flagrant que la construction fait partie des secteurs les plus impactés par le Covid-19. De plus, la distanciation entre les travailleurs et les mesures sanitaires sont extrêmement complexes à mettre en place sur les chantiers.
Cela étant, la construction fait partie des secteurs les plus optimistes. Plus de 50% de ses salariés ont confiance en la reprise de leur activité dans un avenir plus ou moins proche. Plus d'un tiers d'entre eux pensent que le retour à la normale est prévu d'ici 2 à 3 mois. Néanmoins, il est pour l'heure impossible de savoir si l'ordonnance du 13 mai 2020 a modifié ou non leur ressenti. Une chose est sûre : 1 acheteur sur 2 souhaite reprendre son projet immobilier le plus vite possible à présent que nous sommes déconfinés, ce qui sonne comme une bonne nouvelle pour le BTP.